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    Je pense à tous ces parents qui ont perdu ce matin leurs fils ou leurs filles, à ces jeunes gens qu'une bête immonde a privées de vie. Je pense à tous ceux qui, avec angoisse, la mort dans l'âme, essayaient vainement de joindre des ombres. Des ombres qui, la veille à peine, révélaient le signe éclatant de la vie, la promesse luxuriante d'un avenir. Je pense à ces jeunes gens, ces jeunes bacheliers qui, gaiement, souriaient à l'Avenir au moment même où ils croisaient la Mort.

    Beaucoup d'entre eux avaient le trac ce matin, le trac qu'on éprouve au moment de passer un examen. Le trac, peut-être. L'angoisse de la Mort, certainement pas.

    Ces jeunes gens venaient passer un examen d'entrée, un concours dont l'issue devait changer leur vie, leur garantir un avenir... Ce matin, à 7h30mn, ils ne pensaient qu'à décrocher une place parmi les Hommes. Rien d'autre. La horde sanguinaire en a voulu autrement.

     


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    Le rassurer. Je lui ai donc dit ce qu'il voulait entendre. Au cours de mon récit, j'ai levé les yeux sur lui et j'ai croisé son regard. Un étranger. Ce n'était qu'un étranger à qui je racontais une histoire. Plus tard dans la soirée, il m'invita à danser. Franck Sinatra chantait "everybody loves somebody... sometimes...". En silence, je l'ai regardé à nouveau et c'était moi que je surprenais, égarée, noyée dans les eaux noires de ses yeux.

    Peut-être lui avais-je dit ce que moi, je voulais entendre... pour me rassurer, finalement...


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    Je la voyais tournoyer, moi au centre. Derviche, heureuse de sa robe rouge à mille paillettes. Je ne la suivais pas du regard. Je la voyais juste réapparaître, réglée comme une horloge, là, juste devant mes yeux, ravissant mon regard pour deux secondes, le hanter pour une éternité puis repartir, voltigeant, oiseau rouge libre de ses ailes, libre de son espace ainsi tracé en cercle de lumière.


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    Elle le surprit en plein délire. Les yeux hagards, il cherchait désespérément quelque chose ou quelqu'un. Il regardait dans tous les sens, fouillait chaque coin de la pièce qui lui servait de bureau, ouvrait sans cesse les tiroirs d'une vieille commode et un instant plus tard, frappé par un souvenir quelconque courrait vite vers la fenêtre et regardait au-dehors, effrayé, perplexe et froissant le voilage sous le coup d'une colère soudaine. Dans sa démence, il ne la voyait même pas ou semblait l'ignorer comme on ignore les choses secondaires quand on est appliqué à chercher l'essentiel. « Que cherches-tu au juste ? », hasarda-t-elle d'une voix éteinte, s'adressant à une ombre à la fois sourde et muette. Lui parvinrent alors des mots surgis d'on ne sait où : « Toi... C'est toi que je cherche » croyait-elle entendre.

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    Un murmure, un seul. Et puis des mots, un flot de mots. Des voix et des chants traversent la plaine et se mêlent au vent, libres et éternels.

    De l'eau, une symphonie ondoyante et des rires déséquilibrent les sens. Des rires joyeux, des rires d'enfants remplissent l'espace et embrassent le temps. Un instant et ces ruines vous dévoilent tout leur mystère, vous ouvre un livre blanc : aucune ligne... juste une voix qui psalmodie une langue que vous recevez comme une offrande mais que vous ne comprenez pas. Votre langue, notre parole, à jamais perdue.


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