• Confort d'un soir


    Enfin le soir!

    Les lumières tamisées des abats-jours créent dans la chambre un air de nostalgie, un air de tristesse mêlé, étrangement, à une sorte de bonheur intérieur.

    Le pur bonheur de la solitude.

    Le plus difficile,aujourd'hui, c'était de garder mon calme. Après avoir répondu à des questions à peine construites d'une journaliste novice qui voulait allier dans un seul papier deux problèmes distincts, j'ai dû m'armer de patience pour écouter le reste:  dans une tentative désespérée de revenir sur les derniers incendies qui ont embrasé le nord du pays, elle voulait connaître le coût des dégâts occasionnés sur de malheureuses lignes électriques, pensant sans doute que cette information, c'est-à-dire l'incidence du remplacement d'une centaine de mètres de lignes et quelques supports électriques sur les finances d'une grande compagnie, est aussi importante pour les lecteurs que l'estimation des pertes humaines et matérielles causées à une population démunie et marginalisée vivant au milieu des brousses. J'avoue que l'intérêt de cette journaliste m'avait d'abord ému. Je l'imaginais écrire tout un pavé, dans un canard méconnu, sur les pertes "considérbles" d'une société qui risque la "faillite" à cause d'un risible foyer de feu. Oui, j'imagine bien le qualificatif "considérables" que nos journalistes utilisent quans ils sont incapables de se faire une idée précise sur l'ampleur des "dégâts occasionnés". Seulement voilà, je me suis vite mise en colère. "Notre entreprise préfère ne pas faire référence aux pertes subies suite aux derniers incendies par respect aux familles et proches des victimes qui y ont laissé leurs vies" avais-je répondu avec une voix que je ne me connaissais pas et qui m'avait, de suite, glacé le sang.

    Mon calvère n'allait pas s'arrêter là. A peine avais-je raccroché que le téléphone sonna de nouveau. Cette fois-ci, j'avais au téléphone un journaliste chevronné travaillant pour un grand titre de la presse écrite. Celui-là voulait des informations sur un sujet beaucoup plus sérieux et encore d'actualité. Au moment où je pensais que mon cauchemar allait prendre fin, le voilà qui me sort une ânerie: "Mais enfin... je ne comprends pas! Ces deux méga-ouvrages que vous voulez réaliser vont vous coûter très chers vu la conjoncture actuelle qui tire les offres commerciales vers la hausse. Vous dîtes que leur réalisation est capitale pour couvrir les besoins de 2013 et c'est pourquoi vous devez entamer la mise en oeuvre? " me dit-il, de l'air que prendrait un grand spécialiste scandalisé. Jusque-là, je suivais bien son raisonnement et j'attendais impatiemment qu'enfin il en vient à sa fatidique question. Je ne savais pas encore que cette question allait m'assommer:" Mais alors, mademoiselle (là, il articule), pourquoi vous n'avez pas réalisé ces ouvrages en 2003 ou en 2004? Pourquoi avoir attendu aussi longtems puisque vous saviez que la demande allait fatalement évoluer?"

    Que répondre à cette question "pertinente" posée par un journaliste qui écrit tous les jours des billets critiques à l'attention de la foule crédule... "Et pourquoi pas en 1978 pendant que vous y êtes? ai-je lancé avant de lui demander s'il avait pris la précaustion d'acheter toutes ses provisions de sucre, de café et de lait pour les vingt années à venir, les prix de ces derniers étant appelés à augmenter". Heureusement que je n'avais pas eu à en dire plus. Confus, il changea de sujet et me parla, à son tour, des incendies et de la visite du Président dans l'est du pays.


    Arrivée à l'université, j'ai revu quelques-uns de mes étudiants qui sont venus passer les rattrapages. Je leur ai donné à analyser une lettre extraite des Liaisons dangereuses dans laquelle Mme de Merteuil expliquait à Valmont comment elle a créé son personnge de toute pièce :"Je suis mon ouvrage" lui a-t-elle dit, dévoilant par la même occasion une partie de son Art. Les deux heures d'examen écoulées, les étudiants m'abordèrent: "Madame, il nous faut juste un dix pour passer". Rien que ça? Il est clair déjà qu'ils n'ont rien appris de la science de la Marquise! 


  • Commentaires

    1
    qasimodo
    Dimanche 9 Septembre 2007 à 15:23
    la vie
    Tu me laisses sans voix! Quoi dire à des personnes qui ne se donnent pas la peine d'utiliser le quart de leur matière grise? Mais c'est la vie qu'on mène aujourd'hui qui les conditionne à une inanité indéterminée. Nos étudiants ne sont pas capables d'écrire une phrase correcte et on les prédestine à enseigner! Avec un 06 en TEEO, on passe avec plus de 10 de moyenne grâce aux modules d'expression araaaaaaabe et on prétend que c'est une licence de français! Aberration! Chère amie, la vie on la vie seulement, ne cherche pas à la comprendre dans le monde des hommes, elle n'a pas de logique. Moi, j'ai abandonné depuis longtemps. Sinon, vive les ulcères, les gastrites et les boutons de fièvre! Salam
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