• Lui raconter mon enfance. Le seul sujet que j’avais à l’esprit.

    Près de lui, j’étais redevenue cette enfant souriante et fragile auxquels les mots manquaient. Petite fille, longtemps, mon grand-père et moi prenions le même sentier à travers les champs. Arrivés sur la colline, nous nous abritions du soleil sous un vieux platane. Mon grand-père ôtait son chapeau et je renouvelais son geste en ôtant ma casquette. Sous ce platane qui bavardait sans cesse avec le vent en gesticulant, mon grand-père et moi regardions au loin, en silence. Longtemps, au lieu d’habiter l’espace, je l’écoutais se construire autour de moi, toujours en regardant au loin.

    Bien des années plus tard, à côté de lui, je reste encore muette. Mes histoires prisonnières de mes appréhensions et de mes espoirs. La respiration entrecoupée, je tente encore une fois de rompre le silence mais rien n’y fait. Mon cœur ébranle ma poitrine et les mots qui s’y bousculent me donnent le vertige. Une envie insensée de tomber me submerge et je rêve de toutes ces choses auxquelles je pourrais m’accrocher mais que je dédaignerai finalement tant la chute sera enivrante.

    Assise auprès de lui, je regarde au loin. Ses doigts perdus dans mes cheveux, il me souffle des mots que le vent fait perdre dans la  brume.

    Je l’ai aimé dès le premier regard. Mais je ne le lui ai jamais dit.


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